1 Une image
Nous
avons commencé la séquence par la lecture d'une image.
(Pour
agrandir l'image, cliquez dessus:)
Cette photo représente un enfant au travail. Il dort, tellement
il est fatigué par le travail qu'il doit faire.
Pour
analyser l'image, nous l'avons d'abord redessinée. Ensuite,
sur la feuille même, nous avons écrit l'analyse et nous en avons débattu.
Ainsi,
nous avons pu remarquer que cet enfant, un gamin d'Amérique du Sud, fabriquait
des balles de base-ball.
Pour qui travaille-t-il?
Pour les Etats-Unis, l'état grand frère!
Voici
un exemple du travail que nous avons mené.
(Pour voir l'image en grand cliquez dessus).

Nous
avons remarqué que l'image dénonçait avec force, mais qu'elle ne donnait
aucune information sur ce que nous avons appelé "
le scandale du travail des enfants" C'est pour cela
que nous avons lu un texte explicatif extrait "des clefs
de l'actualité".
2 Un texte explicatif.
La Journée mondiale de l'enfance vient de rappeler que
plus de 250 millions d'enfants à travers le monde sont condamnés
à travailler.
o Selon les derniers chiffres publiés par l'UNICEF (Fonds
des Nations unies pour l'enfance) ou l'Organisation internationale
du travail (OIT), plus de 250 millions d'enfants de moins de 14
ans sont aujourd'hui au travail dans le monde, dont un quart (60
millions) sont âgés de 5 à 11 ans. Certes,
ce fléau touche aujourd'hui essentiellement les pays pauvres
(ou en développement). Mais ne l'oublions pas : les pays
industrialisés se sont presque tous développés
en ayant massivement recours au travail des enfants. (En France,
par exemple, il a fallu attendre plus d'un siècle entre
la première loi réglementant cette forme d'exploitation
(1841) et la loi qui fixe à 16 ans l'âge minimum
légal pour travailler (1967). Aujourd'hui encore, de nombreux
enfants sont toujours au travail dans les pays riches.
o Pour autant, bien sûr, la grande majorité des
250 millions d'enfants qui sont aujourd'hui exploités dans
le monde habitent les pays en développement (61 % sont
en Asie, 32 % en Afrique et 7 % en Amérique latine et aux
Caraïbes), autrement dit, dans des pays marqués par
la misère d'une grande partie de la population et une industrialisation
chaotique. Privés d'éducation et livrés aux
pires logiques économiques et criminelles, ces millions
d'enfants travaillent le plus souvent dans des conditions effroyables
: lourds labeurs dans les plantations agricoles, dans les mines
ou sur les métiers à tisser, activités forcées
comme domestiques ou prostitué(es), sans oublier la servitude
pour dette qui enchaîne des familles sur plusieurs générations
.
o Comment réagir face à cette situation ? De nombreuses
organisations non gouvernementales (ONG) et institutions internationales
se mobilisent depuis des années sur cette question. C'est
le cas du BIT qui a mis en place voilà 10 ans l'IPEC, un
programme de lutte contre le travail des enfants. C'est aussi
le cas de l'UNICEF dont le président du Comité français
Jacques Hintzy, estime que si "les formes les plus dangereuses
du travail des enfants doivent disparaître dès maintenant"
il nous faut aussi tenir compte du fait que "les activités
des enfants renvoient dans de nombreux pays à des nécessités
culturelles et économiques".
ENFANTS D'HIER…
Le travail des enfants n'est pas un phénomène nouveau.
Il a pendant longtemps marqué L'histoire de la plupart
des pays aujourd'hui riches et industrialisés. Partout
en Europe, dès le XVIIe siècle, les enfants des
classes populaires sont mis au travail dans des conditions effroyables.
-
En Angleterre, le philosophe John Locke écrit en 1670 que
chaque province du royaume doit se doter de "centres d'initiation
au travail" destinés à former les enfants dès
l'âge de 3 ans. Un siècle plus tard, le Premier ministre
anglais William Pitt déclare qu'il est bon de mettre les
enfants au travail "le plus tôt possible"c'est-à-dire
dès L'âge de 4 ans. En 1833, une commission publique
chargée d'enquêter sur le travail des enfants relève
de très nombreux cas où des enfants de moins de
dix ans exécutent, dans les mines ou les manufactures,
des travaux très durs (10 heures par jour et 7jours sur
7). Face à ce constat accablant, la Chambre britannique
vote entre 1833 et 1847 quatre lois visant à protéger
ces enfants. À l'époque, on considère comme
un progrès social que le travail soit interdit aux enfants
de moins de 9 ans...
En France, la situation des enfants est tout aussi dramatique.
Grâce à une enquête réalisée
en 1937 par le médecin Louis-René Villermé,
nous avons une description très détaillée
de leurs conditions de travail à cette époque. "La
Journée de travail dure de 12 à 14 heures pour les
enfants de 5 à 7 ans, de 14 à 16 heures pour ceux
de 8 à 11 ans et de plus de 16 heures pour les autres",
écrit le docteur Villermé. Puis il conclut son rapport
en ces termes : "Ce n'est plus du travail, c'est de la torture.
Les enfants sont
chétifs, vieux et ridés (...). Leurs os sont gonflés
et ramollis (...). Ils offrent un extérieur de misère,.de
souffrance et d'abattement"
Suscitant l'indignation, cette enquête débouche en
1841 sur la première loi votée en France pour protéger
les enfants au travail. La journée de labeur est réduite
à 10 heures pour les enfants de moins de 8 ans. En 1882,
la loi Jules Ferry rend obligatoire l'école primaire, protégeant
du travail les enfants de moins de 13 ans. Mais des adolescents
sont toujours au travail C'est seulement en 1967 qu'est votée
la loi qui fixe à 16 ans l'âge minimum légal
du travail.
…ET D'AUJOURD'HUI
Il serait naïf de croire que les pays industrialisés
n'ont plus recours au travail des enfants. Plusieurs millions
d'entre eux sont toujours frappés par ce fléau.
En Europe, il se répand au Portugal, en Grèce ou
en Italie où, dans l'industrie du cuir, des dizaines de
milliers d'enfants travaillent dans la seule région de
Naples. En Grande-Bretagne, une étude retentissante réalisée
en 1998 par la "Low Pay Unit", une association britannique
indépendante, faisait état de 2 millions de jeunes
âgés de moins de 16 ans - 500 000 ont moins de 13
ans - en situation de travail (de façon plus ou moins régulière)
dans le pays. La même année, un rapport commandé
par le ministère français de l'Emploi et du Travail
dénonçait en France certaines dérives dans
la situation au travail de jeunes mineurs, notamment parmi les
200 000 apprentis de moins de 18 ans. Enfin, aux Etats-Unis, une
enquête de l'Office général des comptes soulignait
en 1990 que les infractions à la législation sur
le travail des enfants avaient augmenté de 250 % entre
1983 et 1990.
Les cléfs de l'actualité 2001
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3
Poèmes.
Ensuite
et pour compléter cette image, nous avons écrit un poème qui dénonce le
travail des enfants. A partir de quatre mots que l'image et le texte
extrait des "clefs de l'actualité" nous ont évoqués, nous avons
composé une poésie " en toute liberté"
En
voici un exemple. Nous l'avons écrit en rouge, couleur de la révolte:
Huit
ans
Toi,
enfant
Toi
qui travailles pour les Grands.
Ouvre
les yeux!
Réveille-toi!
Moi
aussi, j'ai été
Comme
toi.
Dans
ton rêve
Tu
te dis
Pourquoi
moi?
Qu'est
ce que j'ai fait
A
Dieu
Pour
mériter cela?
Crois
moi,
Tu
ne le mérites pas.
Toi
Qui
es maltraité
Toi
qui n'as rien à manger,
Fais
comme moi!
Ecoute-moi!
Révolte
toi.
F.
Et
enfin nous avons lu Victor Hugo...
Bien
sûr nous n'avons pas comparé notre texte et celui de l'auteur des Misérables.
Mais écrire nous a permis d'expérimenter le sens que peut avoir la poésie
engagée, avant même d'en lire.
Où
vont tous ces enfants dont pas un seul ne rit ?
Ces doux êtres pensifs
que la fièvre maigrit ?
Ces filles de huit ans qu'on voit cheminer seules ?
Ils s'en vont
travailler quinze heures sous des meules
Ils vont, de l'aube au soir, faire
éternellement
Dans la même prison le même mouvement.
Accroupis sous les dents d'une machine sombre,
Monstre hideux qui mâche on ne sait quoi dans l'ombre,
Innocents dans un
bagne, anges dans un enfer,
Ils travaillent. Tout est d'airain, tout est de fer.
Jamais on ne s'arrête
et jamais on ne joue.
Aussi quelle pâleur
! la cendre est sur leur joue.
Il fait à peine jour, ils
sont déjà bien las.
Ils ne comprennent rien à leur destin, hélas !
Ils semblent dire à
Dieu: - Petits comme nous sommes,
Notre père, voyez ce que nous font les hommes !
Ô servitude infâme imposée à l'enfant !
Rachitisme ! travail dont le souffle étouffant
Défait ce qu'a fait Dieu ; qui
tue, oeuvre insensée,
La beauté sur les fronts, dans les coeurs la pensée,
Et qui ferait - c'est là son fruit le plus certain ! -
D'Apollon un bossu, de Voltaire un crétin !
Travail mauvais qui
prend l'âge tendre en sa serre,
Qui produit la richesse en créant la misère,
Qui se sert d'un enfant ainsi que d'un outil !
Progrès dont on demande : Où va-t-il ? que veut-il ?
Qui brise la jeunesse en fleur ! qui donne, en somme,
Une âme à la machine et la retire à l'homme !
Que ce travail, haï
des mères, soit maudit !
Maudit comme le vice où l'on s'abâtardit,
Maudit comme l'opprobre et comme le blasphème !
Ô Dieu ! qu'il soit maudit au nom du travail même,
Au nom du vrai travail, sain, fécond, généreux,
Qui fait le peuple libre et qui rend l'homme heureux !
Victor
Hugo. Les contemplations.
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Les passages surlignés en vert
sont ceux qui nous paraissent les plus proches de l'image. En groupe,
nous avons parlé du poème, de sa construction et de ses effets. Nous avons
remarqué que l'écriture de Victor Hugo, grâce aux choix de la forme, grâce
aux figures de style utilisées, aux images, au rythme donnait une force
nouvelle à sa dénonciation. Beaucoup d'exclamations, de fausses questions
viennent provoquer le lecteur. (
voir le document final sous format word)
Si
l'image dénonce sans parole et provoque l'interrogation, si
le texte du journal explique, le poème engagé rassemble tout
cela . Le "choc des mots" dit la révolte avec puissance. A
notre tour nous avons essayé d'illustrer le poème. Michael et Joan ont pris
des photos de leurs vieux jouets pour illustrer le poème. Ce document est
devenu une présentation informatique sous Power-Point. En voici un exemple.
Il
fait à peine jour, ils
sont déjà bien las.
Ils ne comprennent rien à leur destin, hélas !
Ils
semblent dire à Dieu: - Petits comme nous sommes,
Notre père, voyez ce que nous font les hommes !
Ô servitude infâme imposée à l'enfant !
Rachitisme ! travail dont le souffle étouffant
Défait ce qu'a fait Dieu ; qui
tue, oeuvre insensée,
La beauté sur les fronts, dans les coeurs la pensée,
Et qui ferait - c'est là son fruit le plus certain ! -
D'Apollon un bossu, de Voltaire un crétin !
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4
Le poète engagé
Pour
aller plus loin, nous avons lu un extrait d'un entretien imaginaire de Victor
Hugo. Il fallait associer une question à sa réponse. Ce travail fait, nous
avons réfléchi aux problèmes et aux difficultés que le poète engagé
pouvait rencontrer lorsqu'il ne se contentait pas de "parler d'amour".
Nous avons évoqué, Garcia Lorca et son assassinat, l'exil de Neruda, et les
silences forcés des chanteurs engagés, privés de télévision!
a) Je me suis toujours intéressé
à la politique! Mon père était général
de Napoléon, et j'admirais l'empereur. Mais, pour répondre
à votre question, je pense que toute ma vie a basculé
après un événement tragique. En février
1843, ma fille Léopoldine, que j'aimais tant, s'est noyée
lors d'une promenade en barque sur la Seine avec son mari. J'étais
anéanti. Pour avoir une raison de vivre, je me suis investi
d'une mission: défendre les grandes causes de l'homme.
b) C'est qu'une plume peut être plus tranchante qu'une
épée, et les mots, plus blessants qu'une balle
de fusil. J'ai toujours eu de la sympathie pour le peuple, pour
le sort des victimes injustement condamnées. À
l'âge de vos lecteurs, j'ai écrit Bug-JargaI, mon
premier roman. Il racontait l'horrible condition des esclaves.
Plus tard, à vingt-sept ans, j'ai écrit Le dernier
jour d'un condamné, contre la peine de mort. J'en ai
toujours été un farouche adversaire...
c) Vous avez raison. C'est pourquoi je suis allé au
bout de mes actes. En 1848, des émeutes ont éclaté
dans Paris. Le peuple ne supportait plus la politique du roi
Louis-Philippe et réclamait un changement. Moi aussi!
Je suis monté sur les barricades, mais c'était
pour prêcher l'ordre et la paix. La même année,
j'ai été nommé maire provisoire de mon
arrondissement, puis député. Et j'ai soutenu Louis
Napoléon Bonaparte quand il s'est présenté
à la présidence de la République.
d) C'est justement le problème. J'ai percé ses
ambitions de tyran, mais trop tard 1 La liberté était
menacée de toute part. Quelle déception! La colère
m'étreignait! Je me suis mis du côté des
plus humbles, j'ai défendu leur dignité.
En clair, j'avais la haine contre cet usurpateur, comme vous
dites de vos jours!
e) Sans doute, mais mes mots ne dépassent pas ma pensée
! Il a utilisé le prestige de son aîné,
mais n'en avait pas la carrure. En une tirade, j'ai réglé
le sort de ce Bonaparte! " Quoi! ai-je écrit, parce
que nous avons eu Napoléon-le-Grand, il faut que nous
ayons Napoléon-le-Petit! " Après une sortie
pareille, ma sécurité et celle de ma famille étaient
menacées.
9) Oui J'ai gagné Bruxelles. Mais la France exerçait
des pressions sur la Belgique. J'ai alors choisi les îles
anglo-normandes : Jersey, puis Guernesey.
10) C'est mal me connaître! L'exil ne m'a pas réduit
au silence. À Jersey, j'ai écrit Les châtiments,
un recueil de vers sombres et vengeurs contre les crimes du
tyran. C'est dur, d'être loin des lieux que l'on aime.
C'était le prix à payer pour rester libre. Les
livres publiés durant mon exil comptent beaucoup pour
moi. Prenez Les misérables, l'histoire de Jean Valjean,
condamné au bagne pour vol, alors qu'il devait nourrir
ses neveux affamés. Valjean a conquis sa dignité
d'homme, mais sans aucune aide.
11) Disons plutôt que son combat est un peu le mien!
À Guernesey, quand j'entends la voix farouche des flots
déchaînés de la mer, c'est sa voix que j'entends.
Forte, rugissante, mais libre.
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1 Louis Napoléon… Celui qui s'est proclamé
empereur sous le nom de Napoléon III ?
2 Qu'est-ce qui a Incité un écrivain comme
vous à faire aussi de la politique ?
3 L'empereur un usurpateur? Vous y allez fort !
4 Mais écrire des romans, c'est une chose, et l'engagement
politique, en est une autre!
5 Du coup, vous voilà en exil pour avoir voulu changer
le cours des choses…
6 C'est à ce moment-là que vous avez dû
vous exiler?
7 À vous entendre, on se dit que Jean Valjean, c'est
un peu vous?
8 Et vous avez renoncé à écrire ?
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5
Une dernière image
Et
pour en finir avec le terrible travail des enfants, nous avons étudié
une image publicitaire pour construire la notion de symbole, de
connotation...

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