Textes
complexes
Cahier de textes 3°B
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Mercredi 13 novembre.
Correction du brevet blanc. Les élèves ne semblent pas avoir lu
les consignes en leur entier. L'aide, pour certains, n'a pas été
utilisée. Un travail méthodologique est donc à continuer
pour essayer de corriger au plus vite ces deux problèmes. La partie orthographe
a été trop rapidement faite. L'apparente simplicté de la
transposition de texte a déconcerté quelques élèves.
Pour vendredi, les élèves doivent faire deux exercices de transposition
à remttre sur copie.
Deuxième heure, première activité sur la nouvelle séquence
: Textes complexes
Il s'agit d'un dévoilement progressif d'une nouvelle de Zimmermann, "conscience
professionnelle". ( pour voir l'activité cliquer sur le lien suivant:
Conscience professionnelle
Les élèves ont à repérer les difficultés
que l'écriture du texte pose au lecteur attentif. Le travail est très
sérieux et les débats très riches. Chacun s'interroge sur
les apparentes contradictions que la nouvelle semble contenir. Seule la lecture
du la situation finale permettra d'éclairer le genre et de réfléchir
au statut du narrateur.
Pour vendredi, les élèves ont àrépondre, sur classeur
à la question suivante:
En quoi la fin de la nouvelle permet-elle de résoudre
les contradictions que vous avez repérées? |

Vendredi 15 novembre.
(prof malade)
Lundi 18 novembre.
Relevé des exercices d'orthographe . " Essai" de correction
du travail sur le texte.Mais l'absence du professeur a effacé, seble-t-il
une grande partie de ce que racontait le récit lu il y a quelques jours.
Donc une relecture s'avère utile. La correction peut commencer. Une synthèse
est notée sur le classeur autour de deux axes:
a) un texte s'inscrit dans un genre... et le genre aide à le comprendre.
b) un narrateur , en apparence omniscient, peut jour avec son lecteur et transformer
le texte en une machine parresseuse (Eco)
Ensuite travail à partir de fins écrites par d'anciens élèves.
Les élèves se transforment en professeurs et essaient d'annoter
ces textes. Chacun doit repérer les points qui "empêchent"
la cohérence de ce dernier extrait , par rapport texte source qu'est
la nouvelle de Zimmerman.
En toute fin d'heure, début de repérage des indications de temps.
( à terminer pour mercredi à l'aide de la
fiche langue distribuée)
Mercredi 20 novembre
Retour sur le travail commencé en classe: les indications de temps. Ensemble,
les élèves essaient de classer les diverses façons de dire
le temps dans un texte. Peu à peu les élèves construisent
la leçon . En fin de travail, les élèves disent avoir compris,
mais le professeur doute . La passivité lors de la leçon semble
symptomatique d'un manque d'investissement. Pourtant une interrogation
écrite est annoncée pour vendredi. Il faudra classer,
comme on vient de le faire, des indications de temps.
Deuxième partie de l'heure et heure suivante. Un nouveau texte piégé
" Pauvre Juliette" de Henri Gougaud est distribué. Le texte
est tronqué. Il manque la fin, qui est construite sur un changement de
point de vue . Le but du professeur est d'amener les élèves à
" bien lire le texte afin d'en repérer les étrangetés"
afin d'en rédiger une fin cohérente.
PAUVRE JULIETTE ( texte complet)
Il a mis son costume bleu marine, il a coiffé ses cheveux rebelles
avec une application touchante, il s'appelle Bruno, c'est dimanche et
le temps est maussade mais qu'importe, il sort Juliette aujourd'hui, Juliette
un peu mal à l'aise dans sa longue robe brune piquée de
fleurs jaunes, Juliette qui veut aller à la foire du Trône,
voir du monde, se soûler de boniments intarissables, d'odeurs de
sucre et de buvette, de chansons enchevêtrées, de couleurs
tonitruantes.
- Tu veux bien ? dit-elle.
Elle se tient toute droite devant l'homme qu'elle aime, sous sa frange
blonde ses yeux trop grands, trop pâles le regardent et lui sourient.
Il sourit aussi, il dit :
- Je veux tout ce que tu veux.
Alors elle lui prend la main et la serre très fort.
Maintenant ils déambulent dans la foule criarde et nonchalante,
parmi les baraques foraines, les manèges, les parades, les musiques
électroniques.
Ils ne parlent guère, attentifs à préserver leur
commune rêverie, ils se laissent dériver le long des allées
poussiéreuses. Devant un misérable stand de tir presque
désert Bruno s'arrête un instant.
Juliette pose sa tête penchée sur son épaule.
- J'ai envie de faire un carton, dit-il, attends-moi.
Le patron un gros joufflu coiffé d'un immense chapeau de paille
lui tend un fusil et six balles. Il saisit l'arme et la soupèse,
son il brille durement, il vise avec délectation la cible,
et tire. Juliette s'éloigne de quelques pas. Fascinée, elle
contemple une roulotte dont la façade est ornée d'un visage
de gitane au regard grossièrement hypnotiseur.
Une enseigne rouge et or compliquée d'arabesques maladroites précise
que derrière la porte, désignée par une flèche
oblique, Mme Rachel, prêtresse d'Orient, dévoile sans faute
l'avenir pour la modique somme de cinq francs. La jeune fille gravit lentement
les trois marches de bois. Sur le seuil Bruno la rejoint. Elle lui dit,
rougissante, un peu honteuse :
- C'est la première fois de ma vie que je vais chez une voyante.
J'ai un peu peur.
Ils entrent. Au plafond brûle une lampe peinte en bleu. Les fenêtres
sont dissimulées par des rideaux noirs. Nulle image, nul objet
ne décorent les murs de tôle. Un chat majestueusement indifférent
traverse le plancher mal joint et se roule en boule dans un coin. Au fond
de la pièce une vieille femme est assise derrière une table
de camping couverte d'un morceau de tapis fané. L'antre de Mme
Rachel est sinistre, funèbre, misérable.
Juliette frissonne, un nud d'angoisse l'étouffe soudain,
elle souffle très vite à l'oreille de Bruno :
" On s'en va ? "
Trop tard. La sorcière leur, tend une longue main décharnée.
Sa voix les harponne, précise, grinçante. Les bruits de
la foire leur paraissent tout à coup terriblement lointains, presque
imperceptibles.
- Approchez, mes enfants, approchez.
Son visage est maigre et sévère. Sa chevelure lisse, blanche,
est ramassée sur sa nuque en un lourd chignon. " Elle ressemble
à ma mère ", pense Juliette, furtivement. Mme Rachel
la regarde, deux rides verticales se creusent entre ses yeux noirs, impitoyables.
Elle dit avec une extrême sévérité :
- Si vous ne voulez pas que cet homme vous tue, ma petite, quittez-le
avant la nuit tombée. Je ne fais jamais payer les mauvaises nouvelles.
Maintenant, disparaissez. Je ne veux plus vous voir traîner chez
moi, avec vos chaussures sales.
A nouveau tourbillonnent les mille bruits de la fête. Sur les montagnes
russes, contre le ciel pâle, des filles poussent des cris d'hirondelles.
Juliette pleurniche dans son mouchoir, assise devant une menthe à
l'eau, à la buvette du "roi de la bière ".
- C'était une si belle journée, dit-elle. Je l'ai complètement
gâchée.
Bruno bredouille des mots tendres contre sa joue mouillée, il baise
ses mains, il tente de la consoler, maladroit comme un amoureux désemparé.
- Ne pleure pas, ma chérie, tu es fatiguée, c'est tout.
N'aie pas peur, je vais te ramener. Tu te reposeras.
- D'abord, je veux retourner chez cette affreuse voyante, dit Juliette,
soudain butée. Elle me doit des explications.
L'il inquiet, il la regarde, longuement.
- Quelle voyante ?
- Tu l'as déjà oubliée ?
Elle tremble, elle s'indigne, les yeux immenses.
- Mme Rachel, cette sorcière épouvantable qui m'a dit que
tu voulais me tuer, il y a dix minutes.
Bruno enferme les poignets menus de Juliette dans ses mains, il tente
un pauvre sourire, il dit, aussi calmement qu'il le peut :
- Ecoute-moi, Juliette, écoute-moi bien. Il y a dix minutes nous
étions assis à cette table. Il y a un quart d'heure nous
étions au stand de tir.
Nous n'avons rencontré aucune voyante. Je t'en prie, je t'en supplie,
souviens-toi.
Elle se lève, échevelée, bouscule des gens, renverse
des verres, elle court, Bruno l'appelle, la suit. Devant le stand de tir
elle tourne sur elle-même, son regard éperdu cherche partout
la roulotte, la vieille roulotte peinte de Mme Rachel.
- Elle était là, dit-elle, secouée de sanglots contre
la poitrine de Bruno. Elle était là, elle n'y est plus.
Tout au long du trajet elle pleure doucement dans la voiture, recroquevillée
sur son siège, à côté de l'homme qu'elle aime
et qui conduit les dents serrées, le front barré d'une ride
profonde, la tête douloureuse. Il s'arrête à quelque
distance de l'hôpital psychiatrique, il prend Juliette par la main,
tendrement, il la reconduit jusque dans le hall. Il 1'embrasse, il dit
:
- Dimanche prochain, si tu veux, nous irons au cinéma.
Elle fait oui de la tête, elle pose un baiser sur sa joue.
- Ne t'inquiète pas, dit-elle. Mme Rachel m'a dit que je ne risquais
rien si tu me quittais avant la nuit tombée. Va vite.
Il s'en va, les poings aux poches, sans se retourner.
H Gougaud
|
Lecture à voix haute et définition des axes d'études.
En groupe : relevez tout ce qui est dit sur les trois
personnages principaux et sur les lieux décrits dans le texte. Ensuite,
en groupe vous imaginerez des " fins" possibles. |
Les élèves sont très attentifs: ils ont été
piégés par la lecture précédente, ils sont donc
très "méfiants" vis à vis du texte. Leur lecture
est très fine et deux groupe repèrent très vite que le
personnage de Juliette n'est pas "transparent".
"Et si Juliette était folle? Et que veut dire la phrase " Bruno
sort juliette aujourd'hui"?"
Les échanges s'appuient sur le texte et les rédacteurs du compte-rendu
notent les doutes que cette nouvelle fait naître. L'analyse de la sorcière
renforce les convictions. Il est étonnant, et très agréable
de voir les élèves argumenter, justifier leurs impressions de
lecteurs, et cela dans tous les groupes sans exception.
L'activité d'écriture n'a don plus lieu d'être telle qu'elle
avait été prévue. Le professeur distribue donc la fin de
la nouvelle. Les élèves peuvent alors justifier leurs intuitions.
Les sujets d'écriture devront être changés.Il seront donnés
vendredi.
Vendredi 22 novembre
L'interrogation est donnée. A partir d'un texte, les élèves
sont invités à repérer les diverses façons de dire
le temps. Pour ce faire , ils doivent renseigner un tableau.
Un matin, en 2046, Monsieur Slurp , après avoir avalé ses
trois pilules vitaminées, regagnait à pied son travail au
nord de la capitale. En traversant une voie électroniquement codée,
il aperçut un étrange animal. Il le regarda quelques instants
puis reprit sa route . Il fit quelques pas mais tandis qu'il observait
une vitrine de vêtements virtuels, il sentit derrière lui
comme une présence inhabituelle. La bête était là.
Jaune et poilue, elle semblait le regarder avec tendresse. De temps en
temps, elle ouvrait sa gueule et tirait une petite langue rose. Monsieur
Slurp , un peu surpris tout de même, rentra dans l'immeuble de la
compagnie et se mit au travail.
Le lendemain, la même scène recommença. Le surlendemain,
à nouveau , la bête réapparut.
Le quatrième jour, alors que Monsieur Slurp se brossait encore
les dents, il entendit comme un grattement sur les parois de son sas anti-intrusion
et avant qu'il n'eût le temps d'ouvrir complètement la porte,
la bête était là, couchée sur son canapé
acheté fort cher au déballage vénusien.
Aussitôt, l'ordinateur central afficha une liste impressionnante
de textes que Monsieur Slurp parcourut. " Animal fossile, Race canine,
Appellation commune: chien, Surnom affectif : Toutou. Prénom: Médor.
Animal disparu en 1997 lors de la grande pollution..."
Sa lecture achevée, monsieur Slurp pâlit. Il venait d'adopter
le seul survivant d'une époque révolue.
Il sourit alors, retrouva une assiette, fit fondre trois pilules à
Haut Pouvoir Nutritif et tendit le tout à la bête. Le chien
but la potion , se roula en boule et s'endormit ensuite d'un profond sommeil.
|
Le travail est sérieux, mais les réponses sont souvent "
catastrophiques". Le professeur est donc obligé de " bricoler
" de nouvelles consignes . Ainsi après un premier temps en solitaire,
les élèves changent de stylo et peuvent compléter, corriger
leurs réponses à l'aide du classeur. Mais cela ne semble pas suffire.
Un troisième travail est proposé:
En groupe vous allez comparer vos copies. Le professeur sera là
pour vous aider à comprendre. Quand vous vous serez mis d'accord,
vous rédigerez à la suite de votre travail, une méthode
pour identifier les diverses natures des compléments circonstanciels
de temps. |
C'est au moment de cette activité que les élèves semblent
comprendre. Le devoir n'est pas relevé, il est simplement rajouté
à la leçon comme fiche outil personnelle. " Sans ce travail,
je crois que je n'aurais rien compris" dit Marion.. Les élèves
auront à réviser cette leçon pour le brevet blanc prévu
dans quinze jours.
Deuxième heure. Proposition de sujets d'écriture à partir
de "Pauvre Juliette".
a) Bruno rentre chez lui, et raconte à sa mère l'éprouvante
après-midi qu'il a passée avec Juliette.
b) Juliette raconte son après-midi à son psychanalyste
c) Aujourd'hui c'est dimanche, Bruno sort Juliette. Il l'emmène au
cinéma.." |
Collectivement analyse des trois sujets et des critères de réussite.
Les élèves ensuite se mettent au travail. La copie est à
rendre pour mercredi.
Lundi 25 novembre
Lundi 25 novembre
Séance informatique. Projet de lecture.
Dans le site professeur, 22 nouvelles sont publiées. L'objectif de cette
séance est de choisir parmi toutes les nouvelles un texte sur lequel,
en binôme, chacun devra travailler.
Les stratégies de choix sont très différente.
Certains élèves lisent les titres et les textes amorces. Ils choisissent
alors leur texte et se mettent à lire sur écran.
D'autres font un premier choix et " picorent" des extraits afin de
"pouvoir choisir un texte qui leur plaît".
D'autres enfin essaient de trouver un texte court. Mais le récit le plus
bref s'avère être un texte de Kafka . Sa compréhension n'est
pas simple et oblige à un autre choix.
Quand ce travail de choix est terminé, le groupe édite le texte
sur traitement de texte et imprime une version papier.
Nouvelle lecture.
La consigne suivante est donnée:
Après avoir choisi un texte:
Imprimez-le.
Mettez le en page et inventez une première de couverture.
Créez une quatrième de couverture qui donnera "l'envie
de lire".
Ensuite, sur le site, recopiez les consignes de travail. Elles sont de
deux types:
a) activités de lecture.
b) activités d'écriture autour de la nouvelle.
|
Il est intéressant de noter que si des élèves, traditionnellement,
travaillent sur papier, d'autres lisent et écrivent directement à
l'ordinateur. Certains qui disent ne jamais ouvrir de livre, lisent à
l'écran et discutent de ce qu'ils comprennent avec leur camarade. Cette
lecture à deux est " originale". Chacun lit silencieusement
et, par moments, commente sa lecture à voix haute, et l'échange
est fructueux. Ici l'outil informatique semble une aide à la lecture.
Les élèves plus " classqiues" eux abandonnet l'ordinateur
et utilisent leurs outils traditionnels ( crayon, fluo) .
Chacun devra rendre son livre complet contenant à la fois le texte et
tous les travaux menés.
L'heure se déroule sans aucun problème.
Mercredi 27 novembre.
Avant de commencer la séance, groupe de paroles.
L'objectif du travail est de faire un retour sur la semaine précédente
. Trois axes sont proposés: a) retour sur les savoirs, b)retour sur les
démarches,c) retour sur la vie de la classe.
Trois élèves sont nommés secrétaires. La discussion
est très riche. En effet les élèves retrouvent assez facilement
le sens des activités passées. Peu à peu donc, les objectifs
sont redéfinis et les démarches analysées .
( voir compte-rendu dans la partie élève) Cette démarche
aura lieu tous les mercredis.
Discussion sur l'écriture. Les élèves remettent les copies.
Suite du projet de lecture. Les élèves travaillent autour des
questions de lecture.
Vendredi 29 novembre.
Toujours en binôme, les élèves continuent et achèvent
presque leur projet de lecture .Certains vont au CDI ou en salle de technologie
pour taper leur projet. Le travail est sérieux et les demandes d'aide
sont particulièrement pertinentes. Le travail sera à rendre au
cours de la semaine suivante.
Lundi 2 décembre.
Remise des copies et lecture des annotations. Les élèves doivent
pour mercredi se construire un programme de travail afin d'améliorer
leur première production.
Dictée dialoguée autour des formes en[e]. Les élèves
participent parfaitement à l'échange oral. De plus en plus d'élèves
posent des questions et les règles orthographiques s'éclaircissent.
Mercredi 4 décembre.
Moment de compte rendu.
Travail sur les copies d'écriture. les élèves améliorent
leur texte. (voir quelques textes) L'entraide
fonctionne bien. La co-lecture des copies permet à chacun d'entrer dans
la tâche qui est plus complexe qu'il n'y paraît. En effet, réécrire
n'est pas une habitude. Les conseils du professeur et les explicitations des
camarades permettent aux élèves les plus en difficultés
de se représenter la tâche et de l'aborder sereinement.
Deuxième heure: Les temps du récit. Les élèves travaillent
autour d'un texte: l'enfant doré et construisent la leçon
sur les valeurs de l'imparfait et du passé simple.
L'enfant doré.
L'enfant doré sortit de sa soucoupe. Le déplacement interstellaire
n'avait pas été très long, quelques années
lumières seulement. Xalun se sentait bien. Aucun problème
technique n'avait perturbé son voyage de fin d'études et
il était prêt à rencontrer les étranges créatures
de la planète Terra.
Lentement, il posa le pied sur le sable de la plage. Son maître
lui avait dit qu'il allait sans doute être surpris par l'odeur de
la mer terrienne. En effet, il était charmé. Il respira
le parfum des algues et les bruits des oiseaux endormis. Le crissement
des aiguilles de pin courait sur sa peau. " Terra est un monde extraordinaire
! " disait le prospectus de l'agence, et, pour une fois, la publicité
n'avait pas menti.
Sans s'attarder au décodage de toutes ces sensations nouvelles,
l'enfant doré se dirigea vers la maison qu'il avait choisie comme
but de sa visite. C'était une charmante fermette aux volets verts.
Les fenêtres étaient closes, rien ne bougeait, tout semblait
silencieux. Pourtant les humains qui l'habitaient étaient rentrés
depuis déjà deux heures : Xalun avait vérifié
leur emploi du temps sur l'écran X27 des données extrasystèmes.
Ce jour-là, le grand mâle avait quitté son travail
plus tard que de coutume. Il avait participé à un conseil
de classe et comme d'habitude, il avait déploré avec force
le langage trop familier de ses élèves.
L'enfant doré posa sa main sur le mur et écouta. Le grand
mâle semblait encore un peu tendu. Il se disait professeur de langue
et de littérature françaises. Il affirmait aussi que tout
individu, quel qu'il soit, avait le devoir de bien parler. Les deux petits
du grand mâle, eux, ne disaient rien. Xalun les regardait à
travers le mur. Ils se tenaient raides, les mains posées sur la
table, et attendaient que la colère du grand mâle s'apaise.
Enfin, Xalun se décida. Il se matérialisa dans la pièce
et brancha son traducteur multifractal. En signe de paix, il leva son
unique doigt et dit : " Salut les potes, on s'en tape une? Le frichti
a l'air canon de sa mère. Et si on s'en refilait un bien baveux?
Ca ne nous trouerait pas trop la bidoche... ".
La réaction ne se fit pas attendre. Le grand mâle devint
rouge écarlate, saisit la soupière posée devant lui
et la jeta sur Xalun. Terrorisé, l'enfant doré se télétransporta
dans sa soucoupe. Il avait sans doute dit quelque chose de mal.
Sur le chemin du retour, il vérifia les liaisons de son convertisseur
langagier dernier modèle. La machine était bien branchée
sur la cour d'une école... et l'école était bien
le lieu où les petits terriens apprenaient à bien parler.
Son maître le lui avait confirmé. Pendant des heures, Xalun
s'interrogea en vain, il ne comprenait rien. Il avait fait une bêtise,
mais il ne savait pas laquelle.
· Souligne toutes les phrases qui contiennent un verbe au passé
simple.
· Relis-les à la suite les unes des autres? Que remarques-tu?
· Quand utilise-t-on le passé simple?
· Quand utilise-t-on l'imparfait?

Exercice 1 :
La suite de l'histoire est au présent. Essaie de la mettre
au passé en choisissant l'imparfait ou le passé simple.
Mais Xalun n'en reste pas à son premier échec. Arrivé
sur sa planète, il va voir son maître qui éclate de
rire. L'enfant doré est un peu vexé mais le maître
lui explique qu'une école terrienne ne ressemble pas aux écoles
de Fantoum4. " Tu sais, dit-il, il y a plusieurs lieux dans ce qu'ils
appellent collège. Il y a la cour, et les cours, ce n'est pas pareil.
" Xalun est vite rassuré. Il comprend que dans " la cour
", les enfants parlent en toute liberté. Dans " les cours
", ils apprennent cette belle langue que le grand mâle enseigne.
Il branche donc sa machine sur une salle de classe et écoute. Il
travaille beaucoup et au bout de quelques semaines, Xalun sait toutes
ses leçons de grammaire. Il connaît même la règle
des participes passés et utilise un vocabulaire des plus raffinés.
D'ailleurs, quand il se promène dans son astronef, il récite
des poésies, écrit des pièces de théâtre
à la façon de Molière.
Enfin, il se décide à repartir sur Terra. Mais une erreur
de pilotage le détourne de sa route initiale. En effet, alors qu'il
doit faire une manoeuvre délicate, Xalun s'aperçoit qu'il
ne se souvient plus du sens du mot " séraphique ". Le
temps de chercher dans son dictionnaire, le vaisseau change de cap. Il
atterrit donc en plein milieu d'un terrain vague.
Exercice 2 :
Un élève a déjà fait le travail mais
quelques erreurs se sont glissées dans son exercice. A toi de les
corriger.
Les odeurs ne furent pas les mêmes. Ca sentait les poubelles. De
vieux pneus finirent de brûler près d'une palissade défoncée.
L'enfant doré, à nouveau, s'avançait. Une bande de
petits terriens vêtus de pantalons troués et coiffés
de casquettes sans oreilles, discutèrent en crachant de la fumée.
Ils faisaient même des bruits bizarres avec leur bouche mais ils
semblèrent bien s'amuser.
Xalun levait son doigt en signe de paix et dit :
" Frères et compagnons de la terre océane
Accueillez mon discours, parlons enfin de paix.
Échangeons sans tarder l'amour qui nous a fait
Et inventons un monde où la joie nous enflamme. "
La réaction ne se faisait pas attendre. Les petits terriens se
levèrent, s'approchaient de Xalun et commencèrent à
l'insulter :
" T'es qui toi? Un bourge? Ta mère, elle vend des nains chez
Prisunic ou quoi? Fous le camp! On veut pas d'un meu-meu de ton look!
"
Terrorisé, Xalun s'enfuit et disparut à jamais dans l'espace
infini.
|
Vendredi 6 décembre
La classe éclate en plusieurs groupes. Certains restent avec le professeur,
d'autres vont au CDI, d'autres enfin en salle de technologie. L'objectif est
de terminer à la fois la réécriture de la rédaction:
(ce sont les élèves qui restent en classe avec le professeur pour
être aidés) et d'achever le projet autour des nouvelles. Le travail
est très sérieux. Les problèmes que posent la réécriture
sont négociés en groupe, le professeur étant là
pour conseiller, relire, accompagner l'écriture.
La documentailste aide à la mise en page et fait aussi un travail d'aide
à la correction sur les textes produits pour le livret.
En salle de technologie les élèves sont plus autonomes et travaillent
sur la mise en page de leur projet.
Lundi 9 décembre
Nouveau texte. Polaroïds de Neuhoff.
Il s'agit d'une démarche par dévoilement progressif. En effet,
le texte est un récit discontinu, type d'écrit auquel les élèves
sont peu habituiés. Il est donc nécessaire de construire avec
eux l' idée de fiction en apparence "peu structurée"
qui utilise des outils narratifs originaux. Ce qui explique le choix du dispositif
qui alterne travail collectif et travail de groupe.
Pour ce faire une première consigne est donnée.

Les Polaroïds de Eric Neuhoff.
Je n'ai pas de photo d'elle avec son type. Au début, je me demandais
la tête qu'il avait. Elle, je ne l'ai pas revue depuis trois ans.
De toute façon, il paraît qu'au bout d'un certain temps les
Polaroïds s'effacent complètement.
Voici le titre et la fin d'une nouvelle que nous allons lire dans
son intégralité.
a) Essayons ensemble d'identifier la situation d'énonciation:
Qui parle?A qui? Quand? De quoi? De qui? Comment?
b) Essayons d'émettre des hypothèses sur le reste de
la nouvelle:
· Que peut-elle raconter?
· Comment l'auteur va-t-il s'y prendre? Quel type de texte va-t-il
choisir?
|
Ce premier moment collectif achevé, une autre consigne est donnée.
Ça, c'était en Grèce, le premier jour. Elle était
assise sur le balcon. La chambre donnait sur la mer. Maud portait un tee-shirt
que je lui avais prêté. Elle avait eu la flemme de défaire
sa valise. Déballer mon sac lui avait suffi. Je ne sais pas comment
elle s'était débrouillée, mais elle était
déjà bronzée. C'était l'époque où
je ne la connaissais pas encore très bien. Je me souviens que ce
soir-là, il y a eu un drame au restaurant. A côté
de nous, un couple de Français s'est engueulé. " Ma
femme est une putain" braillait le mari. Il disait cela comme s'il
s'agissait d'un titre de film.
Travail collectif:
a) Voici le début de la nouvelle que nous allons lire: quel
rapport faites-vous entre le titre , le texte, et la fin du texte?
b) Est-ce que ces premières lignes confirment ou infirment vos
hypothèses?
c) Que peut-on dire du type de texte que l'auteur a choisi?
Travail en groupe:
a) A quoi renvoie le "ça" du début?
b) Soulignez les passages descriptifs, faites un rapide schéma
de l'image que vous obtenez.
c) Que disent les passages que vous n'avez pas soulignés?
d) Combien dure la scène qui est décrite dans ce passage?
e) Repérez tous les présents de l'indicatif du passage:
expliquez leur emploi.
f) Quels sont les autres temps utilisés? Expliquez leur emploi.
g) Comment, selon vous, peut continuer le texte?
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Le travail est à terminer pour mercredi
Mercredi 11 décembre
Retour sur le travail de lecture: Polaroïds.
Correction des questions et lecture du texte intégral.
Les Polaroïds: Eric Neuhoff, nouvelle parue
dans L'infini, n°26
Ça, c'était en Grèce, le premier jour. Elle était
assise sur le balcon. La chambre donnait sur la mer. Maud portait un tee-shirt
que je lui avais prêté. Elle avait eu la flemme de défaire
sa valise. Déballer mon sac lui avait suffi. Je ne sais pas comment
elle s'était débrouillée, mais elle était
déjà bronzée. C'était l'époque où
je ne la connaissais pas encore très bien. Je me souviens que ce
soir-là, il y a eu un drame au restaurant. A côté
de nous, un couple de Français s'est engueulé. " Ma
femme est une putain" braillait le mari. Il disait cela comme s'il
s'agissait d'un titre de film.
L'appartement que nous avions loué, un hiver, rue de la Faisanderie.
Dans le fauteuil crapaud qu'elle avait recouvert de toile écrue,
Maud feuillette un magazine féminin. Je n'aime pas sa jupe de cuir.
Les invités n'allaient pas tarder. Elle s'impatientait : "
Mon gigot." Un extra de chez Dalloyau piétinait dans la cuisine
qu'il trouvait trop petite. Je crois que finalement le dîner a été
réussi. Patrick de B. a raconté un tas d'histoires sur la
Sardaigne.
Pieds nus, une serviette blanche nouée autour des aisselles, une
brosse à cheveux dans la main, Maud éclate de rire devant
le lavabo. A l'hôtel Porta Rossa de Florence, les salles de bains
sont mieux que les chambres. 10-11-82, c'est inscrit au dos de la photo.
Maud avait les cheveux très longs. Peut-être qu'à
ce moment précis je rêvais un peu de mourir étouffé
dans les cheveux de Maud. C'est bête, hein ?
Figueras 33km, indique la borne kilomètrique, Maud est appuyée
dessus. Elle ne regarde pas l'objectif. Elle boude parce qu'il ne fait
pas assez chaud, en juin, à Cadaquès2. Au Rocamar, le concierge
était saoul à longueur de journée. Il tirait les
cartes aux rares clients. Il était Gémeaux - Maud aussi.
La douche était détraquée. On allait se laver dans
la chambre voisine qui était vide. Le matin, au bord de la piscine,
je lisais Moby Dick en folio. A Barcelone, nous avions loué une
205 Peugeot. Rouge vif.
Ainsi, nous nous étions arrêtés à Aix (nous
descendions sur la Côte d'Azur). Maud est à la terrasse des
Deux-Garçons. Elle croise les jambes comme seules les filles savent
le faire. Nous avions déjeuné chez Charvet. Après,
Maud avait acheté une cassette de David Bowie, pour la voiture,
et un Minox. Le Minox, j'étais contre. D'ailleurs, il n'a jamais
marché. Bowie, la cassette a disparu quand on nous a volé
l'autoradio, dans un parking. A Saint-Tropez, il a plu tout le temps.
La maison de Saint-Michel de Montaigne. Dans la salle à manger,
Maud brandit ses lunettes de soleil. Elle écarte les bras. Le jour
commençait. La photo n'est pas terrible. La nuit, Maud pleurait
dans son lit. Elle prétendait que la maison était hantée.
Du coup, ça me fichait la trouille. Nous devions y passer deux
semaines. Nous sommes restés trois jours.
Maud avec sa mère, sur la terrasse de la villa que nous avons occupée
trois étés de suite, en Sicile. Quelles vacances étaient-ce
? la date n'est pas marquée. Le soir tombe, elles rigolent et boivent
du vin de Salina dans des verres en Pyrex. De profil, c'est fou ce qu'elles
peuvent se ressembler. Maud sera comme ça, dans quelques années.
Un de ces vents, Maud est toute décoiffée. Sa jupe lui bat
sur les jambes. La photo a été prise à Lisbonne,
en haut de l'ascenseur construit par Eiffel. Le garde-fou est en fer forgé
tarabiscoté. Au-dessus, des grillages montent très haut
pour empêcher les gens de se jeter dans le vide. Depuis, le quartier
alentour a brûlé. Plus tard, j'apprendrai que nous avions
réservé une chambre dans l'hôtel où Truffaut
avait tourné La Peau douce.
La Sicile, de nouveau. Maud sort du bar del Porto. Elle a commandé
un granité au citron. Son tee-shirt est griffé du n°5
de Chanel. Le lendemain, elle tombait malade. Un truc au ventre, on n'a
jamais su au juste. C'est ma dernière photo d'elle. Pour une photo
d'adieu, elle ne casse rien. Je ne pouvais pas prévoir.
Je n'ai pas de photo d'elle avec son type. Au début, je me demandais
la tête qu'il avait. Elle, je ne l'ai pas revue depuis trois ans.
De toute façon, il paraît qu'au bout d'un certain temps les
Polaroïds s'effacent complètement.
|

Discussion collective.
a) le sens du texte: Le texte raconte l'histoire d'un désamour. Les personnages
semblaient s'aimer mais peu à peu l'amour disparait. De plus les photos
parlent toutes de vacances, moments privilégiés où d'ordianire
les couples se ressoudent.
b) la structure du texte: Le récit est organisé en paragraphes
qui tous racontent une photo différente. L'organisation est la même:
moment de description, évocation d'un souvenir.
c) Le récit discontinu raconte tout de même une histoire. A travers
les blancs du texte, le lecteur voit transparaître une triste histoire
d'amour. Les élèves sont très frappés par les effets
réalistes du texte et se demandent s'il ne s'agit pas là d'une
autobiographie.
En groupe, les élèves ont à analyser un pargraphe. Chaque
groupe doit répondre aux questions suivantes. Les élèves
devront rendre compte de leur travail à la classe entière. Un
élève lira le texte, l'autre présentera le dessin de la
photo, un autre rendra compte des réponses, tandis que le "public"
prendra en notes ce qui est dit.
a) dessiner la photo et présentez les lieux.
b) Que sait-on du personnage de Maud et de ses relations avec le narrateur?
c) Bon ou mauvais souvenir? En quoi cette image illustre-t-elle le désamour?
d) l'effet de réalité. |
Les élèves travaillent avec sérieux. Tous
les groupes ont le temps de faire leur compte rendu à la classe.
Vendredi 13 décembre.
L'atmosphère est très calme. une collègue
d'Anglais est là pour observer les cours. Les élèves ont
une feuille d'écoute où les idées des camarades commentées
par le professeur ont été consignées. Une nouvelle consigne,
plus globale celle là, est redonnée aux élèves.
Les questions portent sur tout le texte.
a) Que peut-on dire des lieux de l'histoire?
b) analysez le personnage de Maud et surtout son évolution tout au
long du récit.
c) une histoire de désamour: analysez la particularité du
texte et expliquez commznt est raconté le désamour.
d) Analysez les procédes littéraires qui ancrent le texte
dans la réalité. |
Les deux premières questions se font en groupe. Les autres se feront en
solitaire, à la maison. Le travail est très sérieux et des
habitudes s'installent.
Lundi 16 décembre
Co-lecture des réponses autour de la nouvelle de Neuhoff. Discussion
sur les méthodes d'écriture. L'exercice de commentaire qui veut
que chaque réponse soit illustrée par des exemples tirés
du texte semble presque maîtrisé. Certains élèves
demandent à revoir leur copie. Un délai leur est accordé.
Ensuite travail d'écriture. Une fiche est distribuée.
Projet de lecture /écriture
· Le narrateur trouve une nouvelle photo dans un album.. Il la
décrit et raconte ses souvenirs.
· Le narrateur reçoit, bien après le départ
de Maud, une lettre. Dans cette lettre, une photo sans texte. le narrateur
la décrit et imagine
· Maud elle-même commente les photos de l'album. Elle se
souvient et raconte. Elle se souvient aussi de son ami d'alors qui ne
cessait de la photographier.
· Vous retrouvez le journal intime de Maud qui relate ces divers
moments. N'oubliez pas les dates, les lieux, et tous les détails
et commentaires que le narrateur de la nouvelle ne peut pas connaître.
· Un personnage évoqué dans les photos, raconte sa
version des faits
. Vous écrivez son récit. Vous direz
"je".
· Un romancier s'inspire d'une image décrite par le narrateur.
Il en fait la première page d'un roman:" Eric et Maud s'aimaient
· L'auteur décide de transformer sa nouvelle en roman. Il
en change le titre
Créez la première et la quatrième
de couverture de l'ouvrage. La quatrième de couverture devra comporter
la biographie de l'auteur, un "texte d'accroche", des extraits
de critiques littéraires.
· Le narrateur , devenu très vieux , se souvient de son
amour de jeunesse. Dans un chapitre de son autobiographie, il raconte
cette histoire d'amour éphémère.
· Maud écrit sa lettre de rupture.
· Le narrateur écrit à son meilleur ami et lui raconte
comment, à la sortie de l'hôpital, Maud lui a annoncé
sa rupture.
· Le Nouvel ami de Maud écrit au narrateur. La lettre commence
ainsi " Monsieur, Maud a bien reçu votre lettre mais elle
me charge de vous répondre
.
· Après la publication de la nouvelle, l'avocat de Maud
écrit au narrateur. Sa cliente porte plainte
.
· Le narrateur retrouve l'album de souvenirs qu'il a ramené
de ses voyages avec Maud. Il retrouve, cartes, tickets, dépliants
etc
Il décide d'écrire sous chaque document un petit
texte explicatif.
· Un lecteur a découvert la nouvelle "Polaroïds":
il écrit à son auteur pour dire son admiration ou sa colère.
|
Les élèves ont à choisir deux écritures parmi toutes
celles qui sont proposées. Une deuxième
fiche qui contient les critères d'écriture à respecter
permet à chacun de préciser la tâche qu'il a à accomplir.
Chacun choisit son travail. Mais l'heure s'achève.
Mercredi 18 décembre.
Suite du projet. Certains vont au CDI chercher des documents, d'autres travaillent
en classe, d'autres enfin vont sur internet afin d'illustrer leur texte.
. Si certains continuent leur travail sur papier, d'autres veulent écrire
à l'ordinateur. Il est d'ailleurs étonnant de voir comment la
mise à l'écrit est renouvelée. Certains qui disent "avoir
du mal avec le papier crayon" écrivent un vrai brouillon sur traitement
de texte. Ils relisent leur production, la corrigent, l'améliorent.
Le premier texte est à achever à la fin de la séancei.
Les élèves travaillent soit en classe, soit au CDI avec l'aide
d'un emploi jeune, soit en salle de techno. Le travail est sérieux et
les élèves écrivent. Dix minutes avant la fin du cours,
tout le monde revient en classe pour dire l'état de son projet. Certains
l'auront à rendre vendredi, d'autres, au projet plus ambitieux, pourront
le rendre après les vacances.
Vendredi 20 décembre.
C'est le dernier délai pour rendre à la fois les copies d'écriture,
et surtout le dossier autour des nouvelles. Les élèves rendent
des dossiers dactylographiés. Aucun ne "manque à l'appel".
Le travail semble avoir motivé les élèves tant dans la
lecture que dans l'écriture. Les dossiers sont construits comme de vrais
livres, reliés, illustrés.
Ensuite: dernière lecture : La fin de Robinson de Tournier.

La fin de Robinson
Michel Tournier.
Elle était là ! Là, vous voyez, au large de la
Trinité, à 9° 22' de latitude nord. Y a pas d'erreur
possible !
L'ivrogne frappait le son doigt noir un lambeau de carte géographique
souillé de taches de graisse, et chacune de ses affirmations passionnées
soulevait le rire des pêcheurs et des dockers qui entouraient notre
table.
On le connaissait. Il jouissait d'un statut à part. Il faisait
partie du folklore local. Nous l'avions invité à boire avec
nous pour entendre de sa voix éraillée quelques-unes de
ses histoires. Quant à son aventure, elle était exemplaire
et navrante à la fois, comme c'est souvent le cas.
Quarante ans plus tôt, il avait disparu en mer à la suite
de tant d'autres. On avait inscrit son nom à l'intérieur
de l'église avec ceux de l'équipage dont il faisait partie.
Puis on l'avait oublié.
Pas au point cependant de ne pas le reconnaître, lorsqu'il avait
reparu au bout de vingt-deux ans, hirsute et véhément, en
compagnie d'un nègre. L'histoire qu'il dégorgeait à
toute occasion était stupéfiante. Unique survivant du naufrage
de son bateau, il serait resté seul sur une île peuplée
de chèvres et de perroquets, sans ce nègre qu'il avait,
disait-il, sauvé d'une horde de cannibales. Enfin une goélette
anglaise les avait recueillis, et il était revenu, non sans avoir
eu le temps de gagner une petite fortune grâce à des trafics
divers assez faciles dans les Caraïbes de cette époque.
Tout le monde l'avait fêté. Il avait épousé
une jeunesse qui aurait pu être sa fille, et la vie ordinaire avait
apparemment recouvert cette parenthèse béante, incompréhensible,
pleine de verdure luxuriante et de cris d'oiseaux, ouverte dans son passé
par un caprice du destin.
Apparemment oui, car en vérité, d'année en année,
un sourd ferment semblait ronger de l'intérieur la vie familiale
de Robinson. Vendredi, le serviteur noir, avait succombé le premier.
Apres des mois de conduite irréprochable, il s'était mis
à boire discrètement d'abord, puis de façon de plus
en plus tapageuse. Ensuite il y avait eu l'affaire des deux filles mères,
recueillies par l'hospice du Saint-Esprit, et qui avaient donné
naissance presque simultanément à des bébés
métis d'une évidente ressemblance. Le double crime n'était-il
pas signé ?
Mais Robinson avait défendu Vendredi avec un étrange acharnement.
Pourquoi ne le renvoyait-il pas ? Quel secret - inavouable peut-être
- le liait-il au nègre ?
Enfin des sommes importantes avaient été volées chez
leur voisin, et avant même qu'on eût soupçonné
qui que ce soit, vendredi avait disparu.
- l'imbécile ! avait commenté Robinson. S'il voulait de
l 'argent pour partir, il n'avait qu'à m'en demander !
Et il avait ajoute imprudemment :
- D'ailleurs, je sais bien où il est parti !
La victime du vol s'était emparée au propos et avait exigé
de Robinson ou qu'il remboursât l'argent, ou alors qu'il livrât
le voleur. Robinson, après une faible résistance, avait
payé. Mais depuis ce jour, on l'avait vu, de plus en plus sombre,
traîner sur les quais ou dans les bouchons du port en répétant
parfois :
- Il y est retourné, oui, j'en suis sûr, il y est ce voyou
à cette heure !
Car il était vrai qu'un ineffable secret l'unissait à Vendredi,
et ce secret, c'était une certaine petite tache verte qu'il avait
fait ajouter dès son retour par un cartographe du port sur le bleu
océan des Caraïbes. Cette île, après tout, c'était
sa jeunesse, sa belle aventure, son splendide et solitaire jardin ! Qu'attendait-il
sous ce ciel pluvieux, dans cette ville gluante, parmi ces négociants
et ces retraités ?
Sa jeune femme, qui possédait l'intelligence du cur, fut
la première à deviner son étrange et mortel chagrin.
- Tu t'ennuies, je le vois bien. Allons, avoue que tu la regrettes !
- Moi ? Tu es folle ! Je regrette qui, quoi ?
- Ton île déserte, bien sûr ! Et je sais ce qui te
retient de partir dès demain, je le sais, va ! C'est moi!
Il protestait à grands cris, mais plus il criait fort, plus elle
était sûre d'avoir raison.
Elle l'aimait tendrement et n'avait jamais rien su lui refuser. Elle mourut.
Aussitôt il vendit sa maison et son champ, et fréta un voilier
pour les Caraïbes.
Des années passèrent encore. On recommença à
l'oublier. Mais quand il revint de nouveau, il parut plus changé
encore qu'après son premier voyage.
C'était comme aide-cuisinier à bord d'un vieux cargo qu'il
avait fait la traversée. Un homme vieilli, brisé, à
demi noyé dans l'alcool.
Ce qu'il dit souleva l'hilarité générale. In-trouvable
! Malgré des mois de recherche acharnée, son île était
demeurée introuvable. Il s'était épuisé dans
cette exploration vaine avec une rage désespérée,
dépensant ses forces et son argent pour retrouver cette terre de
bonheur et de liberté qui semblait engloutie à jamais.
- Et pourtant, elle était là ! répétait-il
une fois de plus ce soir en frappant du doigt sur sa carte.
- Alors un vieux timonier se détacha des autres et vint lui toucher
l'épaule.
- Veux-tu que je te dise, Robinson ? Ton île déserte, bien
sûr qu'elle est toujours là. Et même, je peux t'assurer
que tu l'as bel et bien retrouvée !
- Retrouvée ? Robinson suffoquait. Mais puisque je te dis...
- Tu l'as retrouvée ! Tu es passé peut-être dix fois
devant. Mais tu ne l'as pas reconnue.
- Pas reconnue ?
- Non, parce qu'elle a fait comme toi, ton île : elle a vieilli
! Eh oui, vois-tu, les fleurs deviennent fruits et les fruits deviennent
bois, et le bois vert devient bois mort. Tout va très vite sous
les tropiques. Et toi ? Regarde-toi dans une glace, idiot ! Et dis-moi
si elle t'a reconnu, ton île, quand tu es passé devant ?
Robinson ne s'est pas regardé dans une glace, le conseil était
superflu. Il a promené sur tous ces hommes un visage si triste
et si hagard que la vague des rires qui repartait de plus belle s'est
arrêtée net, et qu'un grand silence s'est fait dans le tripot.
|
Lecture orale du professeur et récit oral des élèves: "ce
texte n'est pas complexe". Mais il joue sur toute une série de ruptures
temporelles que les élèves, à la première lecture
ne remarquent pas. Une consigne est alors donnée.
1° Présentez le texte: genre, narrateur etc
2 Voici des extraits du texte par ordre d'apparition dans le récit.
Essayez de les mettre dans l'ordre chronologique, ( du plus ancien au
plus proche du moment d'énonciation.) de précisez les dates,
les lieux.
L'ivrogne frappait de son doigt noir. L 4
Nous l'avions invité à boire. 10
Il avait disparu en mer 15
Puis on l'avait oublié 18
Il avait reparu au bout de vingt deux ans 20
Unique survivant du naufrage de son bateau 23
Une goélette anglaise les avais recueillis 26
Non sans avoir eu le temps de recueillir une petite fortune 30
Tout le monde l'avait fêté 31
Après des mois de conduite irréprochable, il s'était
mis à boire. 40
L'affaire des deux filles mères. 43
Des sommes importantes avaient été volées.52
On l'avait vu de plus en plus sombre traîner sur les quais. 65
Une certaine petite tache verte qu'il avait fait ajouter. 71
Elle mourut ; 88
On recommença à l'oublier 90
Il parut plus changé encore 91
C'était comma aide cuisinier qu'il avait fait la traversée
: 94
Il s'était épuisé dans cette exploration vaine. 99
Et pourtant elle était là ! 102
Robinson ne s'est pas regardé dans la glace 120
Qu'en concluez vous ? pourquoi , selon vous le texte est-il écrit
ainsi ?
Plusieurs temps sont utilisés : l'imparfait, le passé simple,
le plus que parfait, le passé composé. Pourquoi ?
Ligne 1 à 18 : Relevez tous les pronoms sujets : Dites ce qu'ils
représentent ?
|
La tâche s'avère plus complexe qu'il n'y paraît.
Les élèves repèrent malgré tout que l'ordre de la
narration et l'ordre de la fiction ne correspondent pas. Les notions d'ellipse
, de scéne, de résumé sont abordées. Elle seront
revues à la séquence suivante.
Lundi 6 janvier 2003
Dans un premier temps, présentation des vux et remise
des diverses copies reçues avant les vacances. Les élèves
s'échangent leurs productions et commentent leur note.
Pour terminer la séquence, dernière étude d'un texte. Il
s'agit d'une critique-télé extraite de Libération.
Terminal canapé ( d'après Daniel Dufresne Libération
)
Tu en as vu, mon bienheureux. Des professionnels de la vie courante,
des réfractaires, des dignitaires, et des grands et des mesquins,
des bien-dans-la-norme et quelques beaux tarés. Ça, tu en
as vu, et revu. Mais regarde-toi, maintenant. Toutes ces traces, ces souvenirs,
l'usure et les plis, tes rides et nos rires. Au début, tu étais
fringant, ferme et moelleux à la fois, tu te tenais droit, face
à elle, ta rivale, ta bouffe-soirée balisée, jamais
tu ne t'affaissais.
Et puis, il y a eu cette première tache, ronde comme une tranche
de bûche de Noël. Et celle-ci, couleur tasse de café
renversée, du temps où les sketches de Michel Muller passaient
encore sur Canal.. Et celles-là, des pâtes à l'anthrax,
du sang de vache folle sur TF1, un vieux chewing-gum flou et fluo sur
CNN à Kaboul, le petit Mohammed mourant sous tes pieds, Ronaldinho
crucifiant un gardien avec les siens... Puis, quelque chose qui se tasse
en toi, quelque chose qui se barre, un Boeing puis un second, 11 septembre
- 300 chaînes
Tu n'arrives plus à te plier, tu refuses,
tu grinces: massacre à Mazar-i-Sharif. L'hallucination collective,
le monde entier 24 heures sur 24, de Loana à Bora Bora, du Loft
à la grotte d'Al'Qaeda. Le Pen père et fille, Canal + qui
s'affole et qui aussitôt s'assagit, la jambe folle de Chirac, tes
rencontres coquines sur Paris Dernière, Arafat à la bougie,
"insécuritélé" partout, justice nulle part,
tous ces gens qui voudraient rester à la télévision,
et qui ne font qu'y passer.
Télé marmite, t'as touillé tout ça, mon vieux.
Sale et usé, faut te remercier, c'est le moment. C'est l'heure
du grand ménage.
Une ultime fois, regarder PPDA et apprécier sa cravate distrayante,
jaune vif comme toi. Tiens, le disque des Wampas était donc là,
sous tes pieds? Chauds, Sales et Humides, c'est le titre de l'album. Ça
parle de l'autre, aussi. "C'est comme à la télé/Pas
besoin de la regarder/Pour savoir ce qui lui plaît/Tout ce qu on
touche et tout ce qu on fait/Est sans effet. "
Dire quelle était belle, la fille d'iTélévision,
la plus jolie de tout le bouquet satellite. Et dire que toi tu n'as jamais
moufté, que t'as encaissé les coups de popotin, tous ces
malheurs ordinaires, les pieds lourds, les mains baladeuses, les étirements,
tête en l'air, tête à l'envers, tête penchée,
toutes les positions, jamais la bonne. On finissait toujours aux alentours
de 2 heures du matin comme dans ce dessin de Charb, découpé
dans Télérama, et punaisé au-dessus de toi, un zombie
affalé sous cette légende: "Après une certaine
heure, c'est la télé qui te regarde (proverbe de critique
télé)."
Sans toi, il n'y aurait rien. C'est la grandeur des appareils ménagers
d'aller ensemble. Viva el confort moderne, ici on peut apporter son manger.
Le frigo avec le four, les enceintes avec l'ampli, et le canapé
avec la télé. Merci à toi, mon petit canapé.
A la rentrée, ici même, il y aura un autre clic-clac. D'autres
yeux, d'autres zappe-zappe. Un type comme ça o
|
Après un premier travail de lecture et d'échanges collectifs sur
le sens du texte, le professeur propose un devoir de type brevet. Il ne s'agit
pas pour autant d'un devoir classique où les élèves doivent
répondre à des questions. Il s'agit pour eux de simplement justifier
les réponses qui sont déjà données par des extraits
commentés du texte. C'est là une démarche complexe que
les élèves ne maîtrisent pas bien.
Le travail est sérieux mais seules les deux premières questions
peuvent être rédigées dasn l'heure.
Terminal canapé
1 Qui est le narrateur de ce texte?
Le narrateur est à la fois un journaliste et un critique de télévision.
En effet
2 A qui s'adresse le narrateur?
Il s'adresse à son canapé qu'il considère un peu
comme une personne. (
)
Il donne pourtant des indices qui nous renseignent sur la véritable
identité de son "interlocuteur." (
)
3 Quel est le type du texte?
Il s'agit d'une conversation fictive, un monologue, entre un narrateur
et son canapé. On trouve dans le texte plusieurs signes de la conversation
privée, presque familière (
)
4 Que raconte le texte?
Il raconte la vie d'un canapé depuis son arrivée dans la
maison et sa mise en place devant la télé, (
) jusqu'à
son futur déménagement. (
)
5 Que veut dire l'expression Télé marmite?
L'auteur se moque de la télévision qui zappe de programmes
légers aux drames les plus douloureux. (
) Pour ce faire,
l'auteur utilise des accumulations,(
) des phrases non verbales,(
.) des collages d'expressions qui normalement n'ont rien à
voir entre elles. (
) Tous ces procédés donnent l'impression
d'une télé tourbillon où l'on se perd un peu.
6 L'auteur dénonce les effets de la télévision
sur le spectateur, prouvez-le.
Le journaliste raconte qu'à trop regarder la télévision
on devient un peu idiot ou du moins terriblement fatigué. (
)
7 A votre tour donnez quatre ou cinq arguments qui pourraient aider
le journaliste à dénoncer les mauvais côtés
de la télévision.
8 En quoi ce texte est-il un texte complexe?
|
Mercredi 8 janvier 2003
Suite du travail pendant le première heure et demie. La
démarche qui paraissait simple aux élèves s'avère
plus difficile que prévue. En effet , s'ils repèrent assez facilement
les citations qui peuvent éclairer les "réponses", l'explication
des choix est plus complexe.
C'est sur cette activité que s'achève la séquence. ( la
correction du travail se fera le lundi 13 janvier 2003)